La renaissance du café arabica à l’Est de la RDC

La renaissance du café arabica à l’Est de la RDC

Les agriculteurs familiaux de café exportent du café arabica biologique de haute qualité.
Le café congolais est si riche en saveur. Vous en serez accro.
Kisumba Kamungele
Président d'AFCA en RDC
Kisumba Kamungele

La demande mondiale du café de qualité est en train d’augmenter, mais la production de café est en risque. Hausse de la température, mauvais temps et catastrophes menacent les flancs de montagne, dont ont besoin les grains de cette plante de haute altitude pour prospérer.

La production du café Arabica en République démocratique du Congo fait face à de sérieuses difficultés, dues aux prix bas sur le marché mondial. Ils dépendent d’intermédiaires qui vendent leur café sans offrir de service en retour. Beaucoup d’agriculteurs de café sont exploités par ces intermédiaires qui offrent des crédits pour la récolte de café la plus récente à des tarifs extrêmement bas. Comme résultat, les agriculteurs de café sont en train de se battre pour survivre.

En plus, il y a une taxation exagérée en comparaison aux pays voisins, et une complicité systématique de certains départements d’état dans l’exportation frauduleuse du café congolais. Le volume de café exporté via des voies officielles est réduit jusqu’à un dixième de la capacité. En plus, le café n’a pas une bonne réputation, et les producteurs de café de qualité ne sont pas récompensés proprement, parce qu’ils n’ont pas un accès direct au marché international.

Notre programme appuie les producteurs de café pour mettre en place des coopératives pour le traitement du café de qualité et les connecte avec les acheteurs de café gourmet. Ces coopératives sont construites autour de micro-stations de lavage, chacune servant cent membres ayant des champs de café dans les environs. Chaque micro-station de lavage est une section de la coopérative.

Défis

  • Seuls quelques agriculteurs parviennent à produire 250 kg par hectare, alors que le rendement peut aller jusqu'à 2000 kg. La basse productivité met en péril la survie de la production de café.
  • La qualité du café est faible; avant comme après la récolte, les pratiques n’arrivent pas à améliorer la qualité des plantes de café.
  • Aucune unité centrale pour le traitement de cerises de café, menant à du café de faible qualité. Chaque agriculteur traite le café dans sa propre ferme (café lavé à la ferme), ce qui produit un stock de café de qualité variable.
  • La seule usine de café restant au Sud-Kivu travaille en-dessous de sa capacité à cause de l’approvisionnement irrégulier en café parche. Les agriculteurs ne sont pas encouragés à vendre régulièrement parce qu’ils n’ont pas de contrats de vente à l’exportation.

Nos stratégies

  • Rikolto veut améliorer la productivité en plantant de nouvelles cultures de café. Les variétés les plus appropriées sont cultivées dans des pépinières et distribuées aux agriculteurs.
  • Nous introduisons de Bonnes Pratiques Agronomiques qui visent à réduire les effets négatifs sur l’environnement (sol, eau, pesticides, etc.).
  • Pour la fertilisation, le compost local issu de la pulpe de café est utilisé.
  • Nous mettons en place les Champs-Ecoles Paysans pour le transfert des connaissances sur l’augmentation de la production de fermier à fermier.
  • Nous construisons des micro-stations de lavage à la fois au Kivu-Nord, Kivu-Sud et Ituri, qui sont chacune exploitées par 100 caféiculteurs. Ainsi, le café peut être lavé de façon centralisée, et les variations dans la qualité du café peuvent être évitées.
  • Diversification des produits et des acheteurs de café. Présentement, toutes les micro-stations de lavage font du café lavé, le fameux « fully washed ». Les coopératives expérimentent d’autres types de traitement de café : du café « natural » et du « honey bean ».
  • Ce que nous cherchons, c’est faire en sorte que les coopératives sachent à l’avance la qualité du café proposé aux acheteurs. Car les acheteurs de café rémunèrent la qualité. Plus la qualité est élevée, plus la rémunération augmente. Pour cela, nous les formons à la dégustation du café. Nous les dotons en appareils pour mesurer certains indicateurs : taux d’humidité, activité hydrique, …
  • Négociation des contrats de livraison avant la saison. Bien plus, nous nous activons à négocier des ententes commerciales pluriannuelles entre les acheteurs et les coopératives café. Ces ententes commerciales serviront de façon pluriannuelle pour le crédit.
  • Accès au crédit. Nous connectons les coopératives aux créditeurs. Seules les parts sociales des caféiculteurs ne sauraient couvrir tous les besoins en liquidités des coopératives pour traiter et commercialiser le précieux café arabica de spécialité.
  • Nous faisons la promotion de la consommation locale de café. Il en va de la viabilité de la filière café en RDC. La filière café est solide dans les pays qui consomment eux-mêmes la majeure partie de leur production. Un pays dont la production de café est consommée localement est à l’abri des fluctuations de la bourse de New-York. Ainsi, les producteurs obtiennent un meilleur prix, stable.

Organisations paysannes et coopératives avec lesquelles nous travaillons

Au moins 7 500 agriculteurs de café organisés en 5 coopératives de caféiculteurs :

  • Kawa Kabuya
    Basée dans les territoires de Beni et Lubero, à l’ouest et au nord du Lac Edouard
  • Kawa Kanzururu
    Dans la région de Beni, Ruwenzori, à l’ouest des montagnes de la Lune
  • Kawa Maber
    Dans la zone de Mahagi, en Ituri, à l’ouest du Lac Albert
  • SCPNCK
    Située sur l’île Idjwi, dans Lac Kivu.
  • Bblo Kawa
    En territoire de Djugu, en Ituri, à l’ouest du Lac Albert
  • Organisations paysannes dans la zone de Rutshuru

Résultats atteints

Cinq coopératives ont été mises en place et enregistrées légalement : Kawa Maber (Mahagi), Bblo Kawa (Djugu), Kawa Kanzururu (Rwenzori), Kawa Kabuya (Beni-Lubero), SCPNCK (île d’Idjwi).

Chaque caféiculteur qui est devenu membre d’une des quatre coopératives de café a contribué $50 en argent liquide ou en nature pour les matériaux de construction et travaille pour construire une micro-station de lavage, pendant que le programme a aidé en fournissant les équipements (dépulpeuse, treillis, filet d'ombrage, toitures des hangars de séchage, hygromètre, etc.).

Il y a 123 micro-stations de lavages en opération (avril 2020, toutes pas encore indiquées sur Google Maps) et des dizaines en préparation. Il y a 5 employés par micro-station de lavage opérationnelle (responsables pour traitement après récolte et pour contrôle de qualité), en créant au total 520 nouveaux emplois. 27 employés travaillent pour les coopératives.

Autre résultat atteint, c'est l'accès facile aux nouvelles plantations de café, menant au renouvellement des plantations. La productivité ne cesse d'augmenter: le volume des 5 coopératives augmente chaque année.

Avant le début de saison, les coopératives signent des contrats de livraison avec les acheteurs. Ces contrats servent comme garantie auprès des institutions de crédit. Ce crédit permet aux coopératives de traiter le café dans les meilleures conditions pour produire du café de qualité supérieure.

La qualité du café est améliorée significativement. Comme conséquence, le revenu des familles d’agriculteurs a doublé jusqu’à tripler dans une année et demie. Beaucoup d’agriculteurs indiquent que, maintenant, ils peuvent facilement payer les frais scolaires de leurs enfants. Il y a moins d’exclusions d’école de pauvres enfants.

La charge de travail des femmes a diminué beaucoup : elles ne font plus le traitement à la maison. Assez d’hommes ont cédé une part significative de leurs caféiers à leurs femmes, menant à une indépendance économique plus grande pour les femmes.

Suite aux efforts de plaidoyer, les 4 services étatiques contrôlés par le Ministère des Finances ont diminué le paiement de leurs prestations de plusieurs % à 0,25% de la valeur FOB du café. Un seul d’entre eux (DGDA) prélève la taxe pour tous les 4 et en assure la distribution.

Que voulons-nous atteindre en 2021 ?

  • Augmenter la productivité moyenne de 0,5 T/ha à 1 T/ha de café parche ; produire et distribuer plus de 9 millions de plantules en pépinières.
  • Promouvoir les bonnes pratiques agronomiques à travers les Champs-Ecoles Paysans.
  • 80% de tout le café produit sera lavé dans les micro-stations de lavage, et atteindra une haute qualité.
  • Les conditions de marché seront améliorées :
  1. A la fin de ce projet, les coopératives de café vendront chaque année au moins 20 conteneurs de café de haute qualité.
  2. Les cinq coopératives Kawa Kabuya, SCPNCK (Kawa Kenja), Kawa Maber, Bblo Kawa et Kawa Kanzururu sont des partenaires fiables de commerce pour les acheteurs internationaux.
  3. Toutes les coopératives auront obtenu la certification biologique et Commerce Équitable.
  • Structurer une nouvelle coopérative à Rutshuru.
  • Installer des usines de déparchage de café là où c'est économiquement rentable.
  • Installer un laboratoire à Butembo, au bureau de Kawa Kabuya, pour le contrôle de la qualité du café proposé aux acheteurs.
  • Rentabiliser les micro-stations de lavage.
  • Autonomiser les coopératives.

Résultats à long terme

Changements structurels dans les politiques nationales concernant le café et la restructuration de la chaîne de café au niveau national par la Confédération Nationale de Producteurs Agricoles du Congo (CONAPAC)

Coopération Belge au Développement

Leopold Mumbere
Leopold Mumbere
Programme coordinator coffee in DR Congo