La nécessité d’impliquer les jeunes dans l’agriculture urbaine durable

La nécessité d’impliquer les jeunes dans l’agriculture urbaine durable

03/07/2019
Merveille Saliboko
Merveille Saliboko
Communications Officer & Journalist in DR Congo

En Afrique de l’Est, près de 20% de la population est composée de jeunes âgés de 15 à 24 ans. La plupart se trouvent en milieu rural. La FAO, en collaboration avec Rikolto et YPARD, a organisé un atelier de cinq jours à l’intention des jeunes de cette communauté. Deux des participants congolais se sont prêtés à un entretien.

Mbale, Ouganda. Du 25 au 29 mars 2019, 40 jeunes professionnels impliqués dans des activités agricoles en Ouganda, au Kenya, en République démocratique du Congo, en Tanzanie et au Rwanda étaient réunis. Atelier organisé à l’initiative de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Rikolto (anciennement VECO) en Afrique de l’Est et Young Professionals for Agricultural Development (YPARD). Objectif : offrir aux jeunes agriculteurs un espace d’interaction et d’apprentissage de pratiques agricoles durables pour la production de différentes cultures dans certaines chaines de valeur qui sont étroitement liées aux marchés urbains. Raïssa Tshikandama et Aimé Kazika, membres de YPARD-Congo, sont parmi les jeunes qui étaient présents à Mbale. De retour à Kinshasa, ils ont accepté de faire part des acquis de l’atelier.

« Apprendre, savoir, comparer »

« Apprendre, savoir, comparer. Voir comment les jeunes font en Ouganda et ramener un plus en RDC », voilà l’objectif que Raïssa s’était assigné avant son départ pour l’Ouganda. « Nous avons fait des visites de sites, de chaines de valeur connectées, d’exploitations très avancées. Au Congo, ce sont encore des bribes. En Ouganda, les jeunes font la différence. Ils travaillent dur, consacrent du temps à ce qu’ils font, définissent des objectifs réalistes », soutient-elle.

Aimé, lui, veut me parler de ce qui a particulièrement attiré son attention : « Les bonnes pratiques agricoles pour améliorer le rendement. Le partage d’expériences des jeunes des autres pays en termes de business. L’environnement socio-économique permet aux jeunes des autres pays de prendre de l’envol. Il y a aussi des coopératives de production d’oignons et piments. Ça m’a énormément plu car je crois fermement que l’on peut répliquer de tels modèles ici ». « Vous savez, il faut lancer une vision d’entrepreneuriat des jeunes. Il faut une bonne politique. Au Congo, nous avons des jeunes qui doivent être des modèles pour montrer la voie aux autres. C’est de cette façon que le pays pourra décoller ! », tient-il à plaider.

Difficile accès au financement

« L’accès au financement pose des problèmes, en RDC notamment. Si les jeunes des pays de la sous-région ont pu accomplir des pas pour lesquels nous nous sommes émerveillés, c’est parce qu’ils ont le soutien de l’Etat et notamment l’accès au crédit. Je crois qu’il faut travailler sur cette thématique », ajoute Raïssa. Aimé embraye: « C’est un risque que les acteurs politiques doivent se faire. Il faut instituer une sorte de capital-risque car il n’y en a pas au Congo. Les jeunes ont des idées mais il faut les traduire en réalité. Il faut appuyer les jeunes avec zéro hypothèque ! » « Le taux d’intérêt est excessivement élevé. Tu veux mille dollars, on te demande de rembourser mille cinq cents dollars », enrage Tshikandama.

Heureusement qu’il y a, dans cette situation quasi noire, des brins de lueur d’espoir. Kazika explique : « Nous avons approché le ministère de l’agriculture et avons soumis 27 projets individuels des jeunes de 7 provinces : Kongo central, Kwango, Haut Katanga, Sud-Kivu, Kinshasa, Tshopo, Kwilu. Les garanties sont incluses dans le financement de la banque africaine pour le développement, BAD. C’est dans le cadre du projet d’entrepreneuriat des jeunes à l’agriculture et l’agrobusiness, PEJAB. »

Le 17 mai dernier, les participants congolais à l’atelier de Mbale se sont dirigés à Kisantu, dans le Kongo Central, pour une séance de restitution aux autres jeunes. Alors pourquoi le choix du jardin botanique de Kisantu et ses environs pour la restitution, me demanderez-vous. Aimé répond : « L’accessibilité. C’est à 120 kilomètres de Kinshasa, par voie routière. » Et Raïssa d’ajouter : «On y produit beaucoup d’aliments qui nourrissent Kinshasa. »

Boom urbain, opportunité à saisir

La plupart des pays d'Afrique connaissent une urbanisation rapide qui offre de nouvelles possibilités et crée de nouveaux défis découlant de la transition.

Du point de vue de l'agriculture urbaine et périurbaine, les pratiques classiques changent également en raison d'une combinaison de facteurs socio-économiques tels que l'évolution des préférences des consommateurs et du marché, l'accès à de nouveaux outils, la numérisation, les contraintes sur les ressources en terre et en eau ainsi que la diminution de l'intérêt des jeunes générations envers l'agriculture. Des solutions efficaces et efficientes pour accroître l'agriculture durable à l'échelle de la région urbaine sont nécessaires pour assurer l'accès à des aliments nutritifs, protéger les ressources naturelles et assurer des possibilités viables pour la prochaine génération d'agriculteurs dans le secteur agroalimentaire.

Un objectif clé doit être d'accroître les capacités des jeunes agriculteurs progressistes en matière de pratiques agricoles durables qui peuvent mener au développement durable et au renforcement des liens ruraux et urbains. Cela peut lancer de nouveaux partenariats au niveau local, promouvoir une formation systématique des jeunes agriculteurs axée sur les bonnes pratiques agricoles, de nouveaux débouchés sur les marchés urbains et l'échange entre pairs pour que les jeunes agriculteurs en herbe apprennent les uns des autres, tout en améliorant l'accès aux services et en ouvrant de nouvelles possibilités de mobilisation des ressources. Dans ses différents programmes, Rikolto en RDCongo comme ailleurs, implique les jeunes afin de rajeunir l’agriculture et en assurer la durabilité.