Fizi : lever les défis des coopératives et des transformateurs de riz

Au cours de la deuxième quinzaine d’avril, le spécialiste en coopératives et commercialisation de l’antenne de Bukavu a effectué une série d’activités en territoire de Fizi. Voici ce qu’il faut retenir de ce périple.

Entre le 18 et le 22 avril 2021, j’étais en territoire de Fizi. Ma mission avait trois grands objectifs. Le premier était de jeter les premières bases dans la création de synergies des coopératives agricoles dans ce territoire. Le second objectif était de trouver un accord d’affaires entre les coopératives de producteurs de riz et les transformateurs privés (propriétaires des décortiqueuses). Le dernier objectif était de promouvoir les achats et ventes groupés.

Le territoire de Fizi compte très peu de transformateurs de riz. Ces derniers disposent de très petites et vieilles machines SB10, les plus petites machines existant dans la province du Sud-Kivu ! Il s’en suit donc que le riz transformé par ces dernières n’est pas de bonne qualité : beaucoup d’impuretés et de brisures, avec des taux de brisures avoisinant les 50%.

En réponse à cela, le Projet intégré de croissance agricole dans les Grands Lacs, projet du gouvernement congolais financé par la Banque mondiale, et dans lequel Rikolto est lead de la filière riz, compte doter ce territoire de plusieurs machines SB50 et Zaccaria, la meilleure qualité disponible au Sud-Kivu. En attendant, il sied de noter qu’aucune coopérative de Fizi ne dispose de décortiqueuse en activité. Les membres de ces coopératives sont donc obligés de contacter individuellement les transformateurs et paient le prix cher : 50 francs congolais le kilo de paddy transformé.

Après négociation entre coopératives et transformateurs sous la facilitation de Rikolto, voici ce qui a été convenu. Le prix de transformation par kilogramme de riz paddy passera de 50 francs à 30 francs congolais pour une quantité supérieure à une tonne. Le prix sera de 25 francs pour toute quantité supérieure à quatre tonnes. Les coopératives sont chargées, chacune dans son rayon d’action, de sensibiliser leurs membres pour une transformation commune, voire une vente commune. Toutes ces décisions ont été prises unanimement par tous les transformateurs, propriétaires des décortiqueuses du territoire de Fizi.

Plus d’une quinzaine de coopératives rizicoles ont été réunies à Baraka dans un atelier d’une journée. Objectif : présenter le rôle d’une synergie et en quoi cette suprastructure serait bénéfique pour leurs membres et même pour le développement. Après cette séance d’échanges, les dirigeants des coopératives ont décidé, à l’unanimité, de la création de synergies des coopératives.

Une synergie des coopératives est une organisation dont les membres sont eux-mêmes des coopératives volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels. Pour des raisons d’ordre opérationnel, le choix a été fait d’avoir une synergie par bassin rizicole : une synergie des coopératives de Sebele, une autre à Mboka et enfin une autre dans l’axe Katanga-Malinde.

L’un des avantages de la synergie, c’est sa capacité à mobiliser plus d’agriculteurs grâce à la diversité des coopératives qui sont membres. Ainsi, les coopératives ont été sensibilisées sur le principe des ventes et achats groupés. Les dirigeants ont compris la nécessité de cette approche et l’ont adoptée. Il a été décidé de procéder aux premiers achats groupés dès la formalisation des synergies et cela a été projeté sur une échéance d’un trimestre maximum.

Les achats groupés en vue concernent les biens suivants : les engrais minéraux (DAP, urée et NPK 17-17-17), les emballages (sacs de 25, 50 et 100 kg), les outils aratoires. Les ventes groupées en vue concernent uniquement la vente de leur paddy. Rappelons que la transformation groupée de la production a été adoptée également comme principe. Je note qu’il y a encore beaucoup à faire à Fizi mais je me permets d’espérer de beaux jours pour l’agriculture professionnelle de riz grâce à la dynamique paysanne et l’appui par Rikolto via le projet PICAGL.