Le 21 avril 2015 était une journée historique pour les membres de la micro-station de Maniyi. Ce n’était certes pas la première. Depuis plus d’une année, les moments historiques ne font que se succéder. Tout a commencé il y a deux ans avec la décision des caféiculteurs de cotiser chacun 50$ pour se construire leur micro-station de lavage. C’était du jamais vu. Mais les gens y ont cru. Et ils n’ont pas eu tort.
Ensemble avec d’autres micro-stations, ils ont ensuite créé en juillet 2014 la coopérative Kawa Kabuya. Une grande première : une coopérative de la nouvelle génération était née. Les coopératives vieux style ne s’occupaient que de la production du café. Les connexions au marché mondial, c’était la chasse privée des acheteurs et bien entendu les bénéfices leur étaient réservés pareillement. Avec Kawa Kabuya, la vente se fait dorénavant par la coopérative même et les primes de qualité iront droit à la coopérative et ses membres.
Le meilleur
Un autre pas historique a été franchi en janvier 2015 : Kawa Kabuya a gagné le concours Taste of Harvest (Goût de la Récolte), organisé chaque année par l’association des cafés fins africains AFCA. Pour une jeune coopérative qui n’avait que six mois, c’était un acquis qui frise le miracle. Cela ne veut dire ni plus ni moins que la coopérative a produit le meilleur café de la République Démocratique du Congo, selon l’avis de juges indépendants. Bien entendu, cela n’a pas manqué d’attirer l’attention des acheteurs, dont les offres, basées sur des échantillons, contiennent une prime de qualité de plus en plus importante. D’un prix d'un café K4 l’année passée, correspondant au prix de New York avec un différentiel négatif de 30 ct la livre, les offres ont grimpé en quelques mois pour atteindre déjà un différentiel positif de 55 ct la livre aujourd’hui, soit une différence de 85 ct la livre, ou de plus de 1,80 $ le kilo de café vert comparé au prix de l’année passée! Et ce n’est que le début !
Produit final
Alors aujourd’hui un autre fait historique a marqué les annales de Kawa Kabuya. Grâce à Boris, le cameraman qui est venu faire un reportage sur notre programme café, et qui avait acheté 16 kg de café marchand pour le faire torréfier en Belgique par la maison Koffie Onan à Leuven, le café torréfié et moulu de Maniyi est revenu au berceau : les producteurs ont pu goûter pour la toute première fois de leur vie le produit final de leurs efforts. Un moment émotionnel.
Et un moment prometteur. Car en réalité il ne s’agit pas d’une boucle mais d’une spirale qui ne fera que s’agrandir et s’élever. Kawa Kabuya a entamé son courageux et long voyage vers son développement en une entreprise coopérative performante. Avec l’appui de VECO, elle va à la rencontre de son autonomisation et de sa durabilisation. Et les membres paysans ? Ils seront gagnants !
P.S. : Merci à Caroline et à Amy, nos collègues du siège, pour avoir ramené le café torréfié au Congo. Mais bien entendu ce n’était pas la raison principale de leur visite. Ce qu’elles sont venues faire, ce sera le sujet de notre article suivant. Restez branché !