Le café congolais: le ton commence à changer

Le café congolais: le ton commence à changer

18/02/2015

Les excellents résultats du café congolais au concours Taste of Harvest commencent vraiment à faire changer le ton, quand on parle du café congolais. Déjà le titre du rapport du jury en disait long: il parlait pour la toute première fois des "cafés exceptionnels" de la RDC.

Ensuite il y avait le dégustage à l'exposition de l'AFCA à Nairobi, le 14 février 2015. Normalement cet exercice était prévu le vendredi 13, ensemble avec le café ougandais, comme d'habitude. En effet, les années précédentes, le Congo envoyait tellement peu d'échantillons que cela ne valait pas la peine d'en faire une session à part. En dernière minute, vue aussi la grande qualité des échantillons gagnants, les juges ont compris que le Congo a droit à sa propre place dans le dégustage, une demie-journée rien que pour le Congo. C'était une percée historique.

Les commentaires des dégustateurs professionnels faisaient plaisir à entendre. J'ai eu le réflexe de les filmer pour les partager avec vous. Dans l'extrait proposé, ils parlent d'abord du café de Kawa Kanzururu et ensuite de celui de Kawa Kabuya. Nous avons ajouté des sous-titres, pour vous faciliter la compréhenson, comme il y avait beaucoup de bruits de fond dans la grande tente de l'exposition.

Vous avez bien entendu: "quand vous goûtez ce café vous ne penseriez pas que c'est du café congolais, et pourtant il l'est". Vous voyez à quel point la réputation du café congolais avait chuté?! Tout cela va changer désormais!

En rentrant à Butembo, une autre surprise nous attendait. Pour le trajet Kasindi-Butembo, j'avais fait appel aux services de notre chauffeur Fiston. Pour ne pas perdre de temps, nous avions opté de partir par le raccourci de Karuruma. Mais d'abord il fallait prendre le bac sur la rivière Semuliki. Comme il n'y a pas de pont, un petit bac composé de trois canots sur lesquels une plateforme en bois a été montée accueille les véhicules. Un moteur hors-bord permet d'atteindre l'autre rive en quelques minutes.

Avant d'embarquer, il fallait payer 7 $, comme d'habitude. Le percepteur demandait d'un ton ennuyé: "vous êtes de quelle organisation?". "VECO", disait fiston. Tout de suite le visage du percepteur changeait d'expression. "VECO? Vraiment VECO? Alors bravo! Félicitations!! C'est grâce à vous alors que la contrebande du café commence à baisser sérieusement dans nos contrées! Alors vraiment, bravo!"

C'était à notre tour d'être perplexe.

Si le percepteur du bac sur la Semuliki est au courant des changements structuraux pour lesquels notre organisation VECO est en train de se battre, qu'il en voit déjà le résultat sur terrain et qu'en plus il s'en réjouit, nous ne devons plus douter: l'assainissement de la filière café à l'Est du Congo a bien commencé son cheminement irréversible. Merci monsieur le percepteur pour cette perception lucide de notre travail!