Collaboration Kawa Maber – Twin – VECO
« Trouver le marché pour le café de qualité n’est aucun problème », nous confirme Richard Hide de Twin. Il est venu en visite en Ituri, comme VECO l’avait invité à développer un partenariat tripartite avec la coopérative. Les visites aux micro-stations l’ont convaincu : les grands efforts de Kawa Maber pour produire un excellent café d’origine seront rémunérés. Présentement la demande pour ce type de café dépasse de loin l’offre. Twin Trading pourra facilement écouler 50 conteneurs supplémentaires.
Il amène même une proposition concrète pour répondre au défi numéro 1 de la coopérative : en intégrant Kawa Maber dans le Joint Marketing Initiative, la coopérative pourra bénéficier de la crédibilité de Twin auprès des pourvoyeurs en crédits de développement comme Root Capital et accéder à des préfinancements importants pour le café. Emmanuel Harelimana, son collègue de Twin basé à Kigali et membre de la délégation en visite, s’y mettra immédiatement pour ouvrir les portes de cette institution financière pour Kawa Maber.
La coordinatrice du projet Maanda de Twin, Cristina Ruiz, troisième membre de la délégation de Twin, de son côté, assurera un appui complémentaire à celui de VECO en se focalisant avant tout sur la double certification commerce équitable et bio, la maîtrise de la qualité par la coopérative et le marketing, y compris la représentation de la coopérative à des foires et expositions internationales.
Services étatiques : un vrai casse-tête
En attendant, le plus grand défi reste l’exportation du premier conteneur. Six mois après la fin de la récolte, le café n’a toujours pas quitté Ndrele. Problème majeur : les services étatiques de la R.D.Congo.
Cela fait plus de 20 ans qu’ils n’ont plus eu à exporter par voie légale du café marchand, et plus personne ne connait les procédures. L’Office National du Café, l’ONC, voit s’installer une bagarre entre ses bureaux de Mahagi, Bunia, Beni et Kinshasa pour savoir qui pourra mettre la main sur les taxes de ce premier conteneur. Les échantillons ne peuvent être analysés qu’à l’ONC-Beni, qui est le seul à disposer encore d’un laboratoire fonctionnel. L’OCC doit appeler Kinshasa pour obtenir des instructions qui prennent des semaines à parvenir. L’inspection de l’agriculture y voit une aubaine et impose une taxe de 890 $ pour le certificat phyto-sanitaire, fondée sur aucune loi ou règlement. Après maints coups de fil aux autorités de tutelle, elle est obligée à baisser aux 30$ réglementaires.
Tout cela fait perdre un temps fou à la coopérative, à ses membres qui attendent leur argent, au transportateur qui a son camion en stand-by et à l'importateur aux Etats-Unis qui s’impatiente. On peut très bien sentir que les intérêts des producteurs sont le moindre des soucis de cette pléthore de services étatiques. Si la semaine prochaine le conteneur pourra enfin quitter la RDC, avec un retard inutile de 3 mois, ce ne sera pas grâce à, mais bien malgré eux.
Rôle régalien
La professionnalisation de la filière café, côté producteurs, est désormais un acquis. Combien de temps faudra-t-il à l’Etat congolais pour bien comprendre son rôle régalien de promotion, facilitation et régulation de la caféiculture familiale organisée plutôt que de la décourager par ses taxations et tracasseries multiples ?