Les caféiculteurs de Bulambo adoptent des pratiques culturales novatrices

Les caféiculteurs de Bulambo adoptent des pratiques culturales novatrices

17/07/2017

L’union fait la force, dit-on. Les caféiculteurs de l’axe Isale-Bulambo membres de la CKK l’ont compris. Ainsi pour matérialiser ce dicton, ils ont décidé de se soutenir mutuellement par des techniques culturales et stratégies appropriées en vue d’augmenter en quantité et en qualité leur production pour la grande saison 2017 qui se profile à l’horizon.

Jeudi 29 juin 2017, c’est la veille du cinquante-septième anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo. Salle du centre de formation professionnelle de Bulambo, en chefferie des Bashu, territoire de Beni, province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC. Les caféiculteurs, membres de la Coopérative Kawa Kabuya regroupés au sein des micro-stations de lavage de café sur l’axe Isale-Bulambo, sont réunis afin d’évaluer leurs performances au cours de la petite saison culturale de 2017. Les participants sont venus de toutes les dix micro-stations de lavage situés sur cet axe. Au nom de l’ONG VECO RDC, partenaire des caféiculteurs de la CKK, Masika Kasonia Lydie chargée de l’accompagnement de proximité de la CKK à VECO RDCongo préside la réunion. Objectif, évaluer la petite saison culturale qui vient de s’achever.

Une saison difficile mais prometteuse

La petite saison de café achevée en juin n’a pas été rose cette année pour les caféiculteurs de l’axe Isale-Bulambo. A la base, une sécheresse accrue qui a entrainé la baisse de qualité du café récolté. Au total, 10 622 kilogrammes de café parche ont été réceptionnés dans les différentes micro-stations de lavage. Une hausse de quantité certes, mais le taux des flottants a aussi sensiblement augmenté : 1744 kg soit 16,4% du total produit sont de la deuxième qualité contre 83,6% de qualité 1. Cela est contraire aux autres saisons précédentes où le pourcentage de café de deuxième qualité n’était que de 5% seulement. « C’est une véritable menace pour vos économies chers frères et sœurs. Car l’acheteur, lui, vise la qualité. Et si la situation reste telle, alors tous vos efforts pour obtenir du café risquent d’être vains », interpelle Lydie Kasonia. Un avis partagé par tous les participants à la réunion qui déplorent une baisse de qualité de 11% en deux ans. Ça interpelle !

Faire un front commun contre une menace commune

« Mes chers frères et sœurs, si nous n’agissons pas vite, ce sera notre déclin », sensibilise un participant. Son appel trouve rapidement un écho favorable dans le chef de ses collègues caféiculteurs. Et rapidement, on s’active à en savoir la cause afin d’y apporter un remède proportionnel. La cause épinglée se révèle être la sécheresse accrue. « Un phénomène naturel auquel on ne peut pas faire face », veulent se décourager plus d’un participant.

Mais aussitôt, une merveilleuse idée sort de la tête d’un homme âgé expérimenté dans la culture du café : « Il faut planter ou multiplier le nombre des bananiers dans nos plantations. » Cet homme qui cultive le café depuis son jeune âge, justifie que l’humidité apportée par les racines des bananiers favorise le développement des vers de terre qui jouent un rôle très important dans la croissance des plantules de café. Cette révélation est accueillie avec satisfaction car les agriculteurs y trouvent un salut pour leur culture. Mais pas que ça ! Chacun partage le secret de son expérience. Et ensemble, ils définissent d’autres stratégies importantes. Il s’agit notamment de sarcler régulièrement (au moins quatre à six fois par an) leurs plantations. Cela permettra à ce qu’une éventuelle pluie puisse bien arroser le terrain et aider à la putréfaction de ces feuilles en humus. Il faudra, en outre, creuser des terrasses et disposer les champs en forme d’échelles afin de bien canaliser les eaux et empêcher que celles-ci emportent la matière organique éparpillée dans la plantation. Autre chose à faire : planter des arbres autour des champs afin de lutter contre la perturbation climatique, nuisible à leur culture. Il faut également limiter l’accès de la volaille à l’intérieur des champs, laquelle picore les insectes nécessaires dans la décomposition de feuilles en humus.

Les caféiculteurs de l’axe Bulambo ont aussi convenu de se soutenir mutuellement et de façon continuelle en vue d’une production en qualité et en quantité à la prochaine saison culturale. Les caféiculteurs de Isale- Bulambo se sont engagés à pratiquer ces différentes techniques dans leurs champs respectifs et à les vulgariser auprès de ceux qui n’ont pas été présents à la rencontre du jour. Lydie Masika Kasonia se réjouit de cet engagement manifeste et appelle les caféiculteurs des autres axes à imiter ce bel exemple.

Richard Muhindo Taghembwa, stagiaire ISEAB.