Rikolto conduit un pilote pour la plate-forme de riz durable dans la plaine de la Ruzizi

Rikolto conduit un pilote pour la plate-forme de riz durable dans la plaine de la Ruzizi

02/11/2019
Ivan Godfroid
Ivan Godfroid
Regional advisor business development

Comme partout ailleurs sur notre planète, les changements climatiques se font sentir de plus en plus en République démocratique du Congo. Les saisons ne sont plus fiables comme avant. Les pluies sont devenues irrégulières et imprévisibles. Dans certaines parties du pays, les semences meurent dans les champs après germination. Ailleurs des pluies surabondantes causent des érosions et des inondations. Les agriculteurs souffrent.

La plupart d’entre eux ne sont pas conscients qu’en plus d’être les premières victimes du réchauffement climatique, ils y contribuent aussi. Surtout les agriculteurs qui font encore la culture sur brûlis, car cette pratique rejette dans l’atmosphère le CO2 qui était fixé dans le bois.

Moins connue est la contribution des riziculteurs. La fermentation de la matière organique dans le sol saturé d’eau libère des quantités importantes de gaz méthane. Ce gaz cause un effet de serre qui est 4 fois plus fort que celui causé par le CO2. Il devient donc impératif de réduire ce phénomène à travers une meilleure gestion de l’eau dans les rizières. Rien n’exige une permanence de l’eau dans les rizières. Du point de vue agronomique, ce n’est absolument pas nécessaire.

Ceci n’est qu’une considération parmi tant d’autres qui préoccupent les acteurs mondiaux de la filière riz. Depuis quelques années, toutes les parties prenantes se sont mis d’accord de s’engager dans la voie de la culture durable de riz. La logique est simple : si ceux qui vivent de la culture du riz veulent continuer à en bénéficier, il faut tout faire pour que la riziculture cesse d’être une menace pour l’avenir. Producteurs, transformateurs, acheteurs, distributeurs et consommateurs se sont mis d’accord sur toute une série de principes à respecter, qu’ils ont groupés dans la Norme SRP, c’est-à-dire la norme de la Sustainable Rice Platform pour la culture durable du riz.

Parmi les membres de cette plateforme mondiale, on trouve aussi quelques acteurs de la société civile, des ONG. Parmi eux, Rikolto, membre du conseil d’administration de la plateforme SRP. Aux dernières élections, le coordonnateur de notre cluster international riz, Christ Vansteenkiste, a été élu trésorier.

Un premier pas modeste au Congo

La production du riz aujourd’hui ne doit pas mettre en péril celle de demain. Ensemble, les membres de la plateforme ont élaboré une norme avec 46 critères (version 1.0) pour lesquels les producteurs doivent s’engager s’ils veulent utiliser le label du SRP. Les critères ne sont pas prescriptifs, ce n’est pas une question de oui ou de non, mais plutôt : il faut dépasser un seuil minimal et à partir de là fait-on des progrès pour le respect de chaque critère. A base de tous les critères et leur poids pondérés, un résultat global est calculé et exprimé en %.

Le représentant de Rikolto dans le CA de la plateforme SRP a profité de son passage en RDC pour communiquer le score aux deux coopératives de la plaine de la Ruzizi qui participent depuis cette année à la phase pilote de la mise en œuvre de la Norme SRP. Il s’agit de la Coopérative d’actions pour le développement des paysans agriculteurs (ADPA) et de la Coopérative de la solidarité pour la production de denrées agricoles (COOSOPRODA). De l’ADPA, 41 membres ont participé et de la COOSOPRODA 11, en tout 52 producteurs.

Les deux résultats étaient très semblables. L’ADPA et la COOSOPPRODA ont obtenu chacune 72 %. C’est un bon début. Cela veut dire qu’elles ont maintenant l’autorisation d’afficher sur leurs dépôts une mention telle que «Ici nous sommes sur la voie de produire du riz durable » ou « Œuvrant progressivement à la culture durable du riz ». Et elles s’engagent à faire mieux année après année.

Importance nationale

Rikolto a la ferme intention de convaincre les producteurs à augmenter le nombre de ceux qui prennent conscience de l’importance de rendre la riziculture plus durable et d’y adapter leurs pratiques, aussi en dehors de la plaine de la Ruzizi. Pour 2020 nous misons sur 1.500 producteurs, à plus long terme nous espérons qu’ils finiront par adhérer tous. Car si eux deviennent plus nombreux, la riziculture congolaise deviendra plus durable.

Le marché mondial du riz est sous pression. Au Pakistan par exemple, pays producteur dont le riz est très visible sur le marché de Bukavu, le facteur limitant, c’est désormais l’accès à l’eau, tandis qu’au Vietnam, les superficies disponibles à emblaver diminuent sans cesse. Au vu du défi majeur de l’avenir d’alimenter les populations urbaines croissantes en RDC, sachant que le volume de riz qui est disponible sur le marché mondial (en moyenne 8% de la production totale de notre planète) ne fera que baisser, ceci n’est ni plus ni moins une préoccupation d’importance nationale.