Grâce à un projet allant de 2022 à 2025, exécuté à la fois dans Tshopo par Rikolto et dans Mai Ndombe par Trias, sous le financement de l’Union Européenne, Rikolto veut rééditer l’exploit réalisé au Nord et Sud-Kivu en termes de structuration des chaines de valeur. Etant pionnier dans la promotion de l’inclusive business, l’appui à la création et la structuration des coopératives, Rikolto s’inscrit dans l’objectif de la promotion de la gouvernance participative dans le développement durable des chaines de valeurs cacao, palmier à huile et riz en milieux ruraux et péri-urbains en province de la Tshopo. Le rayon d’action du projet est une zone couvrant les territoires de Bafwasende, Ubundu, Banalya, Opala et Isangi.
Pourquoi ces chaines de valeurs ?
Le projet est orienté partant des besoins prioritaires des agriculteurs familiaux. Actuellement, la province de la Tshopo présente un engouement à la culture de cacao. Malheureusement, les conditions de production de cette dernière n’assurent pas un revenu décent aux producteurs. Le prix de vente d’un kg de fèves de cacao est estimé à 1 dollar américain et est vendu souvent non fermenté, et donc de très basse qualité. Le marché n’est pas structuré, et les prix ne sont pas règlementés. Les organisations paysannes existantes dans la zone sont réunies dans l’objectif d’exploiter ensemble leurs champs. Les agriculteurs sont donc membres d’une même OP si ces derniers appartiennent au même bloc de production. Les recettes issues de la production sont affectées à la production prochaine et le reste est réparti entre les membres. Les OP n’interviennent que dans la commercialisation des produits exploités ensemble. Quant à la production faite hors de celà ; chaque paysan est tenu à se débrouiller au mieux qu’il peut.
Quant au palmier à huile, outre les aspects énumérés pour le cacao à la fois au niveau de la production que de la commercialisation, il importe de signaler que les palmiers de la zone sont soit « sauvage », ou alors très vieilles, plantés vers les années 1983, avec un rendement de 400 kg à l’hectare. Pour les palmiers datant de l’époque coloniale, le rendement est encore plus faible oscillant autour 5 à 10 bidons soit 100 à 200 kg.
Comme pour le cacao, l’huile de palme est vendue soit par l’organisation, soit par les producteurs individuellement. Les coques et les noix palmistes ne sont pas rentabilisés par les producteurs. Seuls les détenteurs de presses en profitent en les vendant aux fabricants de savons. Notons que les coques ne sont pas valorisées alors que ces dernières constituent une alternative à la braise. Il sied de noter qu’il n’existe aucune machine de concassage des coques, encore moins une unité de presse motorisée, d’où les rendements d’huile de palme sont faibles.
Parlant du riz, n’étant pas une culture pérenne comme le palmier à huile et le cacao, les réalités sont relativement différentes. La riziculture pluviale est pratiquée. Les variétés les plus utilisées dans la zone sont le Nerica 4 et 7, Liyenge et le Baibinge. Le rendement à l’hectare est moins d’une tonne et en constante baisse en raison de la dégénération des semences et des ravages par les oiseaux. Au niveau de la commercialisation du riz, beaucoup de défis sont à relever. Le transport de paddy se fait à dos d’homme du champ vers la décortiqueuse et de la décortiqueuse vers le marché. A cela s’ajoute la non-standardisation des unités de mesure : certains utilisent des seaux, d’autres des filtres de camion, etc. A la rizerie, il y a des commerçants ambulants qui achètent la production avec des unités de mesures truquées. Et si la quantité n’est pas vendue à la rizerie, elle est ramenée à la maison pour l’autoconsommation et/ou soumise à la vente au détail.
Des défis liés à la bonne gouvernance ?
La gouvernance des organisations paysannes (OP) ainsi que des collectifs présente beaucoup de fentes. Les collectifs sont constitués en moyenne de 35 à 50 OP (réalité de Banalya, Ubundu et Bafwasende). Ces dernières ne s’impliquent pas dans la facilitation de l’accès au marché pour leurs membres, idem pour la production. L’on constate aussi l’inexistence d’initiatives économiques tel que les MUSO (mutuelles de solidarité) ou les AVEC (associations villageoises d’épargne et de crédit). Il apparaît par ce fait que ces OP ne disposent pas des capacités et des moyens pour remplir leurs rôles avec toute l’efficacité souhaitable.
Quelle est la vision de Rikolto pour réaliser ce projet ?
A travers ce projet, Rikolto vise le développement des chaines de valeur cacao, palmier à huile et riz, en mettant l'accent sur le renforcement des capacités entrepreneuriales des acteurs, l'appui aux acteurs des chaînes de valeur dans l'amélioration de la qualité et du conditionnement des produits agricoles ; l'amélioration des processus de transformation et de commercialisation ; une production alimentaire plus durable ; l'amélioration de l'environnement des chaînes agricoles et la gouvernance dans les chaînes de valeur.
Ceci passera à travers le renforcement de l’UPDKIS (Union paysanne pour le développement de Kisangani, la fédération provinciale des OP de la Tshopo) afin que celle-ci soit reconnue comme une structure légitime qui fournit des services de qualité à ses membres, autant dans le domaine de la commercialisation que dans le domaine de l´interaction avec les instances décisionnelles au niveau local et national. L’UPDKIS sera renforcée dans les domaines de leadership, de gestion financière, de genre et inclusion.