Sud-Kivu : les dirigeants des coopératives rizicoles à l’école du business plan

Sud-Kivu : les dirigeants des coopératives rizicoles à l’école du business plan

02/09/2021

Du 24 mars au 3 avril 2021, Rikolto en RDCongo, dans le cadre du programme intégré de croissance agricole dans les grands-lacs, PICAGL, a formé les membres des coopératives rizicoles du Sud-Kivu. La formation a porté sur l’élaboration des plans d’affaires. C’est la première étape avant l’élaboration de dossiers à soumettre aux banques pour le crédit.

Par: Christophe Mugangu, spécialiste en coopératives et commercialisation (Bukavu)

Luvungi, territoire d’Uvira, province du Sud-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo. Dans la salle de l’hôtel Shalom, des membres des coopératives que Rikolto appuie au Sud-Kivu dans le cadre du PICAGL, projet du gouvernement congolais financé par la Banque mondiale, définissent leurs attentes. Ils viennent de trois territoires : Walungu, Uvira et Fizi. Ce sont des dirigeants des coopératives. Ils sont gérant, comptable ou président du conseil d’administration de leurs coopératives. Là où les dirigeants n’étaient pas disponibles, ce sont les agronomes ou les chargés de commercialisation au sein des coopératives qui ont été délégués. Toute la brigade agronomique de Rikolto au Sud-Kivu est aussi présente. Les dix agronomes de terrain de Rikolto sont présents afin qu’ils fassent un accompagnement de proximité aux coopératives. Objectif ? Améliorer la qualité des plans d’affaires présentés par les coopératives.

Quatre objectifs

Les deux formateurs se présentent : Sylvestre Balibanga et Christophe Mugangu. Ils sont tous deux spécialistes en coopératives et commercialisation au sein de Rikolto en RDCongo dans le cadre du PICAGL. Sylvestre s’occupe du Tanganyika, Christophe a la charge du Sud-Kivu.

Puis on déroule les objectifs de la formation. En premier lieu, il s’agit de former le staff et les responsables des coopératives sur le montage des plans d’affaires ainsi que la planification. Il est aussi question, au cours de cette activité, de procéder à la collecte des données pour l’élaboration des plans d’affaires. Oui, je sais que vous vous poser une question :« pourquoi ? » C’est simple : il faut tout de suite pratiquer ce que l’on vient d’apprendre, sous forme d’étude de cas. Pour permettre aux apprenants de lier la théorie à la pratique. Le troisième pilier, c’est d’accompagner le processus de montage des plans d’affaires de deux coopératives pilotes en s’appuyant sur les agronomes de Rikolto. Enfin, il faut former les responsables des coopératives sur la préparation des dossiers de demande de crédit auprès des institutions financières.

De la théorie à la pratique

La formation en salle a duré quatre jours. Étant donné qu’il s’agissait d’une formation d’adultes dotés d’expériences diverses tant académiques que professionnelles, les formateurs ont opté pour une méthodologie mixte qui était à la fois expositive (un exposé des formateurs), démonstrative (démonstration concrète des choses à faire par le formateur) et applicative (mise en situation des apprenants via des cas pratiques par exemple). À tout ceci, il faut ajouter les travaux en carrefour pour des échanges d’expériences entre participants.

Après la formation, les agronomes de Rikolto ont eu à accompagner les cinq coopératives agricoles de la plaine de la Ruzizi dans la collecte des données à leurs bureaux respectifs pendant deux jours. Ils se sont donc regroupés en équipe de deux agronomes par coopérative. Les formateurs, eux, faisaient entre temps la ronde des coopératives pour se rendre compte de l’appropriation des techniques de rédaction des business plans par les dirigeants des coopératives.

Transfert des connaissances

À l’issue de ces deux jours de collecte des informations dans les cinq coopératives de la plaine de la Ruzizi, les apprenants ont passé le cap suivant : exercice pratique de rédaction des plans d’affaires. C’est dans ce cadre que deux coopératives ont été choisies dans cette phase test : ADPA (Luvungi) et COOPABA (Sange). Étant donné que les plans d’affaires appartiennent aux coopératives, il n’appartenait pas à Rikolto de rédiger ces outils à la place des coopératives. Ceci a été expressément fait dans l’objectif de promouvoir l’appropriation de l’outil qu’est le business plan, son usage et son évaluation saisonnière. Rikolto est fière du transfert des connaissances qui a été fait et peut aujourd’hui affirmer sans l’ombre d’un doute que les dirigeants des huit coopératives connaissent l’utilité d’un plan d’affaires, sont capables de le rédiger et peuvent désormais faire des évaluations de ce dernier.

Les plans d’affaires des trois autres coopératives sont en cours d’élaboration par leurs dirigeants. Les formateurs se limiteront à la cohérence : améliorer la syntaxe et la mise en forme des documents.

Les plans d’affaires des huit coopératives ayant suivi la formation sont déjà finalisés. Rikolto continue son effort afin que ces dernières aient accès aux crédits agricoles :

  • La garantie : ceci est une obligation à laquelle les coopératives avaient du mal à se conformer. Grâce à l’appui de Rikolto, deux coopératives sur les huit ont déjà obtenu des titres cadastraux pouvant servir de garantie auprès des banques.
  • L'établissement des états financiers conformes à la règlementation OHADA et audité. Ceci est déjà valable pour trois coopératives à savoir COOPABA, COOPRITU et ADPA.

Des premiers contacts ont été faits avec les institutions financières pour le recueil des conditions d'accès au crédit. C’est juste après cette étape, que les dossiers des demandes de crédit seront déposés auprès des institutions financières. De façon concomitante, des démarches sont en train d'être menées par notre partenaire la Différence pour que les coopératives obtiennent des crédits auprès des préteurs sociaux internationaux tels que SIDI, Root Capital etc.