« Taste of Harvest »: Kawa Kabuya champion du Congo

« Taste of Harvest »: Kawa Kabuya champion du Congo

04/04/2016
Merveille Saliboko
Merveille Saliboko
Communications Officer & Journalist in DR Congo

Kawa Kabuya, coopérative soutenue par VECO RDC, vient de remporter pour la seconde année consécutive le « Taste of Harvest », un concours organisé en janvier dernier en Ouganda et destiné à choisir le meilleur café arabica de la République démocratique du Congo. Nous avons rendu visite à cette coopérative agricole pour savoir sur quoi repose le succès de cette jeune organisation paysanne.

C’est avec un large sourire aux lèvres qu’Elyphas Kambale Matofali, le directeur-gérant de la coopérative Kawa Kabuya nous reçoit dans son bureau situé au premier niveau d’un bâtiment sur la rue Bukavu en ville de Butembo, province du Nord-Kivu dans l’Est de la République démocratique du Congo. La coopérative dont il est responsable vient de remporter haut la main le concours « Taste of Harvest » organisé à Kampala, capitale ougandaise par l’African Fine Coffees Association. Ce concours est organisé chaque année pour chacun des pays membres, dont le Congo. Elyphas Kambale Matofali est heureux, très heureux de remporter ce prix : « Pour la seconde fois, notre joie est grande. Les producteurs à la base en sont fiers. Les efforts des producteurs ont payé. Ce prix vient récompenser le dur labeur des paysans producteurs. Ce n’est pas le fruit du hasard. L’échantillon qui a été sacré champion a été tiré de l’axe Isale-Bulambo, en chefferie des Bashu, territoire de Beni en province du Nord-Kivu. La qualité du café dépend d’abord de l’entretien du champ. Les agriculteurs d’Isale le font convenablement. Ensuite, la qualité est une résultante du processus de traitement de café. Nos producteurs ont été formés pour traiter le café afin d’en faire du café-parche homogène ».

Tout le traitement se fait dans les micro-stations

Les producteurs sont formés pour cueillir uniquement les cerises mûres. A la micro-station, on fait la première sélection : les cerises non-mûres, les trop mûres et celles piquées par les insectes sont mises de côté. Puis on fait la flottaison pour ne garder que les cerises denses que l’on va dépulper. La prochaine étape est le dépulpage, suivi du triage pour enlever les dernières pulpes du café. Vient maintenant la fermentation, que l’on fait l’après-midi à partir de 15 heures. Le lendemain matin, si nous constatons que le mucilage a bien disparu grâce à la fermentation, on lave le café plusieurs fois avant de le remettre sur la table de triage. Cela, afin de se rassurer que les fèves endommagées par la machine soient enlevées. Car, si c’est le cas, la fève ne va pas sécher et surtout les aromes se trouvant à l’intérieur vont se volatiliser. Après ce n-ième triage, on va procéder au séchage qui se fait sous l’ombre dans des hangars pendant environ deux semaines. Nous faisons tout pour que ce processus de séchage se fasse lentement. Pendant le séchage, on procède au remuage régulier pour s’assurer que le séchage soit homogène. Quand l’humidité atteint 12 %, le café est placé au dépôt. En suivant rigoureusement ce processus, vous obtenez 1 kilo de café-parche de bonne qualité avec 5 kilos de cerises mûres.

Une plus-value reversée aux paysans

Avec cette plus-value, les acheteurs sont prêts à payer un prix rémunérateur pour la qualité. Ce prix rémunérateur est reversé aux producteurs sous plusieurs formes : investissements pour l’achat de nouvelles machines, éducation coopérative pour renforcer les capacités des membres producteurs et une ristourne versée directement aux paysans. « VECO RDC, qui nous accompagne, a amené des experts pour nous apprendre toutes ces techniques. En 2014, on a commencé à appliquer toutes ces techniques. Kawa Kabuya a déjà mis sur le marché 7 containeurs de café de spécialité, un café bien apprécié par le marché international. On reçoit plusieurs demandes. Plusieurs acheteurs veulent travailler avec nous. Nous voulons appeler les producteurs à prendre conscience que le café est une plante d’avenir », confie Elyphas Kambale Matofali. Cette plante est porteuse d’espoir.

Merveille Kakule Saliboko, Association des journalistes agricoles du Congo au Nord-Kivu.